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A - Le rôle de la femme allemande  selon les

       Nationaux-Socialistes

  1.  D'une femme émancipée à une femme évincée

Dans les années 20, en Allemagne, sous la République de Weimar, l’émancipation de la femme est à son paroxysme, on parle de « femme nouvelle Â», l’allemande des années 20 se masculinise, elle a les cheveux courts, porte des pantalons et tiens une cigarette dans la main, elle prend une véritable allure de femme libérée.

 

En effet, après la révolution de novembre 1918, la Constitution de Weimar du 19 janvier 1919 proclame le droit de vote et d’éligibilité des femmes (art. 17 et 22), ainsi que l’égalité des femmes et des hommes en matière civique (art. 109). Les femmes allemandes sont les premières femmes d’Europe à obtenir le droit de suffrage. Leur nouveau droit  d’éligibilité leur permet d’occuper aux totaux 112 sièges au reichstag entre 1919 et 1932

 

 

Ancre 1

Article 109. 

Tous les Allemands sont égaux devant la loi. Hommes et femmes ont, en principe, les mêmes droits et les mêmes devoirs civiques. (...)

 

Constituion de la République de Weimar, novembre 1918

 

Malgré tout, ce rêve d’émancipation est plus un désir qu’une réalité, les femmes sont bien loin d’être l’égal des hommes. Comme en témoignent les paroles de l’historienne Anna-Maria Sigmund : «Les slogans des mouvements d’émancipation commençaient à prendre. La classe moyenne, surtout, veillait à l’éducation de ses filles, et percevait l’activité professionnelle comme l’avenir de la femme moderne Â» mais continue t-elle, « Weimar ne constitue pas un grand pas en avant dans la libération des femmes. Celles-ci demeurent sous-représentées dans les Parlements[...], la maternité est promue comme la fonction sociale des femmes la plus importante, l'avortement reste passible de poursuites (§ 218 du code pénal), les ouvrières ne connaissent pas de réel progrès économique (pas d'égalité des salaires) Â».

 

En effet, même si l’émancipation de la femme passe en grande partie par le travail, les femmes sont bien loin d’occuper des postes équivalents à ceux des hommes. On les contente le plus souvent d’un poste de secrétaire ou vendeuse, toutes ces tâches considérées comme « inférieures Â», et lorsque la quantité de travail est la même, on les paie 10% à 25% de moins que les hommes sous prétexte qu’elles ont moins de frais de ménage, sachant coudre, laver et cuisiner. 

 

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1 - Secretaire Allemande en 1938

Cependant, pour certaines femmes, cette phase d’émancipation dont elles sont les protagonistes majeurs correspond souvent à une période de « grand désarroi Â» (citation de Monique Moser-Verrey). La femme allemande ne se sent pas à l'aise dans ce nouveau système et va peu à peu se tourner vers un parti en plein essor à l’époque, le Parti National-Socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

 

Dès sa création en 1920, le NSDAP affirme sa volonté d’exclure les femmes de ses rangs. En effet, cette position est explicitement prise lors du tout premier rassemblement général des membres du NSDAP, en janvier 1921, une résolution est votée prévoyant « qu’aucune femme ne peut être admise à la direction du Parti  ni dans le comité administrateur Â» (cité par Franz Willing)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette élite dirigée par Adolph Hitler, exclusivement masculine et méticuleusement sélectionnée et hiérarchisée vouant une admiration exacerbée pour « l’indomptable leader Â» peut renvoyer à d’obscure pulsion homosexuelle. Dans tous les cas, cette misogynie ancrée dans l’idéologie du parti, fait de lui un parti populaire qui se différencient des autres.

 

Sa doctrine exclue, paradoxalement, l’un de ces principaux facteurs électoraux, les femmes, elles ont été d’une aide majeure dans les succès du parti nazi et dans l’ascension sociale d’Hitler. 

En témoigne cet extrait des Mémoires du photographe officiel du Parti nazi, Heinrich Hoffman : « ces femmes étaient les meilleures propagandistes du parti ; elles convainquaient leurs maris de s’allier à Hitler, sacrifiaient leur temps libre à leur enthousiasme politique… se consacraient sans compter à la cause des intérêts du parti Â».

 

Si Hitler, « l’agitateur de brasserie Â», accède aux tribunes politiques grâce à une aide sociale et financière considérable, en revanche c’est au culte qu’il développe autour de sa personne qu’il doit sa fulgurante ascension. Le Führer déclarait lui-même « systématiquement adapter Â» ses discours « au goût des femmes qui, depuis le début, comptent parmi ses plus fervents admirateurs Â», il admet même qu’en raison de l’importance décisive des femmes lors des élections, il ne pouvait se permettre le luxe de se marier. Dès 1923, le numéro d’Avril du Muncher Post, déclare que « les femmes sont éprises d’Hitler Â».

2 - Logo du NSDAP

 

Ainsi, peu à peu, la femme se voit exclue de la vie publique, dans une société qui commençait à la considérer comme l’égal des hommes. Les nationaux-socialistes veulent enrayer la « décadence Â» de la République de Weimar, selon eux, l’émancipation féminine est due au résultat d’une trop grande « influence juive Â». Les nationaux-socialistes souhaitent rétablir les différences entre femmes et hommes, ce rétablissement résoudrait tous les problèmes « artificiellement créés par un intellectualisme dépravé du plus bas niveau Â».

 

Donc, dès 1933, l’arrivée au pouvoir d’Hitler, les programmes scolaires pour filles sont modifiés, tout est faits pour les dissuader de continuer leurs études. Les réformes mises en place, comme remplacer les cinq années de latin par des cours de langue et d’enseignement ménager ne porte pas leur fruit, et les jeunes filles préfèrent se scolariser dans un établissement pour garçons. Cette même année, l’Etat accorde un prêt aux citoyens allemands dont l’épouse abandonne son travail. De plus en plus de décrets étaient votés chaque mois et chaque année pour rabaisser la condition de la femme.

 

Les associations de femmes deviennent interdites, particulièrement si elles regroupent des communistes ou des socialistes. A partir de 1936, une loi vote l’interdiction de certaines hautes fonctions aux femmes dans la magistrature et le corps médicale, les femmes, d’après Alfred Rosenberg (« idéologue Â» du parti) ne pouvant juger qu’avec leur sentiment, et pensant donc « lyriquement Â» et non « systématiquement Â» comme elle le devrait pour juger conformément à l’idéal du parti. Les femmes docteurs se voient ainsi perdre leur emploi « devant la nécessité de se vouer à l’enfantement Â», jusqu’au moment, où, par manque d’effectif masculin, on dut les rappeler. 

 

En 1935, lors d’un discours au congrès des femmes nationales-socialistes, Hitler déclare :

« En réalité, l’octroi de soit disants droits égaux aux femmes, exigés par le Marxisme, ne confère pas de droits égaux du tout, mais constitue une privation de ces droits, puisqu’il attire la femme dans une zone où elle ne peut être qu’inférieure. Il place la femme dans des situations qui ne peuvent renforcer sa position – vis-à-vis des hommes et de la société – mais uniquement l’affaiblir Â».

 

Adolf Hitler â€“ Discours au « Congrès des Femmes Nationale Socialistes » ; publié dans le Völkischer Beobachter, 15 septembre 1935 (Wiener Library)

Ici, Hitler insinue qu’il ne diminue pas les droits de la femme, mais qu’il les revalorise en les orientant vers ceux d’épouse et de mère.

Cette diminution des droits était pour certaines femmes allemandes une très bonne chose, en effet, elles ne considéraient pas que le droit de vote ou d’élection soit une avancée sociale majeure pour elles, elles souhaitaient surtout être reconnues pour leur rôle traditionnel de mère. Selon elles, le monde dans lequel elles vivaient était désordonné, et seul un patriarcat viril pouvait le préserver. Elles espéraient qu’un gouvernement exclusivement masculin apporterait  « ordre et santé Â» à la nation et rapprocherait les pères de leur famille.

Cette réduction des droits de la femme n’est en fait qu’une partie des moyens que les nazies ont trouvés pour faire de la femme, leur idéal de beauté et de maternité.

Partie 2

2. L'idéal féminin national-socialiste

D’après Goebbels, l’éloignement des femmes de la vie public n’a pour but que de rendre à la femme sa « dignité Â». En effet, les nationaux-socialistes ont comme but de totalement renouveler l’image de la femme, créer une femme nouvelle, un idéal qui se plie à l’adage « Küche, Kinder, Kirche Â» («cuisine, enfant, église Â»)

 

Ces nouvelles femmes allemandes devaient se plier à des règles de beauté strictes. Elles cherchaient à ressembler à l’idéal féminin de la blonde éclatante, aux yeux bleus, aux hanches larges, aux cheveux noués derrière la nuque ou en couronne de tresses. Il leur était interdit de porter du maquillage, on estimait que les femmes devaient avoir une certaine « pudeur Â». Ces critères de beauté établis étaient toujours dans cette optique de stigmatiser la femme libérée de la République de Weimar, « la dame de la ville, c’est-à-dire la femme qui fume, se met du rouge à lèvre, du vernis à ongle et porte des talons hauts Â». Certaines associations comme la NSBO, iront jusqu’à interdire la présence des femmes « peinturlurées et poudrées Â» à leur réunion, et excluront les femmes « qui fument en public Â». Dans certaines régions, on allait jusqu’à interdire la teinture de cheveux et la permanente.

Idéal de beauté nazi
3 - Exemple parfait de la jeune femme allemande

 

Les femmes doivent avoir un comportement irréprochable, être la parfaite mère, épouse et femme au foyer. Un livre a notamment été publié pour donner les lignes de conduite à suivre pour que la femme allemande soit « parfaite Â», le manuel de la Reichsbräuteschule, ou « l’école de la mariée du Reich Â». Ce livre avait pour objectif de « transformer des filles de bureau en femmes au foyer Â». 

En 1934, Herman Göring publie et distribue dans tout le pays les « Neuf commandements pour la lutte des travailleurs Â» où est résumé en une phrase le rôle de la femme allemande : 

«Emparez-vous de la poêle, de la balayette et du balai, et mariez vous à un homme Â».

 4 - Les "Neufs Commandements pour la lutte des travailleurs" affichés dans les rues de berlin en 1934

Mais la meilleure indication sur la vision de la femme par les nazi reste cette phrase prononcé par Hitler : «Le monde de la femme est un monde petit. Mais que deviendrait le grand monde s’il n’y avait personne pour s’occuper du petit monde? Comment le grand monde pourrait-il survivre s’il n’y avait personne pour faire des attentions du petit monde le contenu de leurs vies.»

 

A partir de 1936 et à la demande du SS Heinrich Himmler, un décret a été voté selon lequel les femmes fiancées aux SS devront suivre des cours à l’école de la parfaite mère au foyer nazi.

Pour former les femmes à devenir les meilleures épouses possibles, une villa a été érigée en 1937 sur l’île de Schwanenwerder sur le lac de Wansee à Berlin, dans cette maison, les jeunes femmes dont la plupart étaient adolescentes vivaient dans des groupes d’environ 20 personnes pendant 6 semaines. Elles venaient la plupart du temps environ 2 mois avant leur mariage, pour « récupérer physiquement et spirituellement, oublier les soucis quotidiens associés à leur profession précédente, et pour trouver leur chemin et ressentir la joie de leur nouvelle vie d’épouse Â». Durant ces 6 semaines, les jeunes femmes abordaient des sujets comme les courses, la cuisine, le jardinage, la décoration d’intérieur, ou le lavage d’uniforme. 

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Cependant, les savoir-faire artisanaux et l’art culinaire n’étaient pas l’essence même de l’école, on leur apprenaient à « acquérir des connaissances particulières de la race et de la génétique Â» afin d’en faire des « productrices de bébé supérieur Â». Seulement après avoir appris tous ces apprentissages la femme recevait un certificat d’accomplissement le « Tree Of Life Â», si une femme n’obtient pas son certificat on lui refuse le droit de se marier. Ces cours entrainent aussi, un engagement jusqu’à la mort à la doctrine nazie. 

 

Selon Goebbels, les femmes avaient le devoir d’etre belle et de faire des enfants.  Les femmes sous le régime nazi étaient avant tout un « outil de reproduction Â». La sexualité était mise au ban sinon dans un but reproductif. Tout était mis en oeuvre pour que les femmes aient le plus d’enfants possible. 

La minceur chez les femmes était l’un des premiers combats, il était d’ordre public que les femmes trop fines ne pouvaient être apte à avoir beaucoup d’enfants.

 

 

Les maîtres mots en matière de reproduction chez les nazis étaient : quantité numérique et qualité raciale. â€‹

9 - Mère avec ses trois enfants en 1939

Sur le plan numérique, une moyenne de quatre enfants par foyer est demandée (« deux pour le renouvellement de la génération, un pour la guerre et un en plus Â»).

 

Le 12 août, jour d’anniversaire de la mère d’Hitler, avait été choisi comme « Journée de la mère allemande Â», on y récompensait les mères de famille nombreuse, où on leur remettaient la « Ehrenkreuz der deutschen mutter Â» ( la « Croix d’honneur de la mère allemande Â»), familièrement appelé « L’Ordre du Lapin Â». Cette distinction était divisée en trois catégories : la croix de bronze (de 4 à 6 enfants), la croix d’argent (de 6 à 8 enfants) et la croix d’or (pour 8 enfants et plus). En 1939, environ trois millions de mères ont été décorées. En effet, le ministère de la propagande s’évertue à accorder aux femmes la « même Â» place d’honneur que le « soldat Â» puisqu’elles aussi risquent leurs vies et leurs corps pour leur patrie.

 Â« les dangers auxquels s'exposait une mère du point de vue de sa santé et de sa vie, en servant ainsi son peuple et sa patrie, équivalaient à ceux du combattant dans le tonnerre de la bataille »

Auteur Anonyme 

 

Les femmes porteuses de cette décoration étaient extrêmement reconnues, les jeunesses hitlériennes devaient les saluer bras tendu. Elles avaient le droit à de nombreux avantages, des primes, des allocations. Lorsque la guerre arriva, les récompenses se transformèrent en une « bonne à tout faire Â», venant de l’Europe de l’Est et soumise au travail forcé. Ainsi les déportés, polonaises, russes ou tchèques étaient « distribuées Â» aux familles récompensées « afin que le travail physique ne nuise pas à la fécondité de la mère allemande Â».

 

A l’époque, la pire hantise était d’être stérile. Les dirigeants avaient pour coutume de dire que la guerre nuisait moins à un peuple que la raréfaction des femmes fécondes. Les ménages sans enfants, les femmes stériles et les femmes trop âgées pour avoir des enfants, ne pouvant participer à l’effort démographique étaient elles aussi la cible des nazies.

En 1938, on découvrit que sur 100 femmes mariées, 22,5% n’avait pas d’enfant, chose révoltante selon les dirigeants nazis.

Les ménages stériles sont à l’origine de la promulgation de la loi sur le divorce en 1938. Cette loi fais place à de nombreuses répercussions, en 1932, l’Allemagne comptait quarante-deux  mille divorces, en 1938, on en comptait soixante-deux milles. La plupart des causes de divorces étant : « refuse d’avoir des enfants Â» et « est atteinte de stérilité Â».

« Les tribunaux, sur simple déclaration du mari accusant sa femme de stérilité, avaient le droit, sans autre forme de procès, de prononcer le divorce Â». Après la promulgation de la loi, 80% des maris avaient déjà demandé le divorce à leur femme pour « incapacité de donner des enfants Â», et ceux même si elle avait déjà enfanté par le passé.

 13 - "L'Allemagne se développe grâce à des mères               fortes et des enfants en bonne santé" 
Affiche de propagande de 1935

Les jeunes filles des jeunesses hitlériennes étaient les premières touchées par cette politique démographique, elles étaient invitées à offrir un enfant au Führer pour accomplir leur devoir et améliorer la race. C’est sans aucun doute, à l’intention des mouvements de jeunesse hitlérienne qu’a été mis en place en 1938, le « mariage biologique Â», ce mariage ayant pour but d’encourager les relations extra-conjugales. En effet, l’Allemagne comptait environ deux millions de femmes de plus que les hommes, c’est pour cela que dès le début des rassemblements de jeunesse hitlérienne, les cheftaines femme tenaient comme discours : «Vous ne pourrez pas toutes trouver un mari mais vous pourrez toutes devenir mère Â».

Une ordonnance du 28 octobre 1939, a été mise en place pour « l’ensemble de la SS et de la police Â» visant à « encourager la procréation surtout celle d’enfants illégitimes Â». 

Ces nouvelles politiques ont laissé place à de nombreux déboires, en témoigne cette lettre ouverte à Joseph Goebbels de Michaël Germanikus : « Le nombre des délits sexuels dans les camps de jeunesse est incalculable. Pendant les rassemblements de la Hitlerjugend et du Bund Deutsche Mädchen, des fillettes de seize et même de quatorze ans ont été ruinées moralement et physiquement... »

14 - Modèle de la parfaite famille aryenne

Ces délitts sexuels avaient pour la plupart lieu lors des grands rassemblements sportifs dont raffolaient les nazis. Cependant même si aucun fait n’a encore été avéré, on sait qu’en 1936, à la suite d’une manifestation qui avait réuni plus de cent milles jeunes, près d’un millier de jeunes filles tombèrent enceinte.

Dès leur plus jeune âge on avait appris aux filles, sous forme de dictée, ceci : 

«Nous pouvons toutes, aujourd'hui ou demain, nous abandonner à l'expérience riche en émotion spirituelle qui consiste à procréer en compagnie d'un homme jeune et sain, sans nous soucier des entraves dont s'encombre la désuète institution du mariage. ». La dictée avait comme nom « Le Mariage Biologique Â».

 

 

En conclusion, la femme allemande est avant tout « la gardienne de la tribu Â» et de l’héritage biologique nazi, elle garantit la pureté de la « race allemande Â». Elle a comme rôle « suprême Â» d’être la génitrice de la « race des seigneurs Â», de plus les femmes sont un facteur électoral et une force de travail non négligeable. 

15 - Mère aryenne heureuse avec son enfant

 

 

 

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