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C - Allemande et Résistante

1 . Une résistance globale et générale

En Allemagne, en France et dans d'autres pays européens, les femmes ont été très tôt confrontées à un choix : résister ou collaborer avec le régime nazi.

 

La vitesse et la force utilisée par Hitler pour accéder au pouvoir enAllemagne en 1933, la mise en place d'un régime autoritaire, l’éradication des opposants politiques et l'embrigadement généralisé des hommes dissuadaient bon nombre de femmes de penser par elles-mêmes,de parler ouvertement de leurs idées et d'agir. Il faut prendre en compte un élément essentiel de l'engagement des femmes allemandes résistantes: l’Allemagne n'était pas occupée, il était donc difficile pour ces femmes de créer des réseaux, d'agir et de se préserver.

Les raisons et les formes que prennent cet engagement sont donc différentes en Allemagne par rapport à la France et aux autres pays occupés par l'armée allemande.

 

La Résistance allemande a dû affronter douze ans de régime totalitaire, où les opposants sont combattus comme ennemis de l’État. Peu après l'arrivée du Fürher au pouvoir, les opposants politiques sont persécutés et privés de leurs droits. Les femmes ont été moins menacées que les hommes au début de la montée au pouvoir du nacional-socialisme, car elles étaient réduites à leurs fonctions de mère et de femme au foyer. Elles ont été de plus en plus harcelées par la Gestapo. D'ailleurs, le régime nazi avait ouvert des lieux spéciaux pour l'internement des femmes : camps de concentration (Moringen, Ravensbrück, Bergen-Belsen ...), sections spéciales dans des camps d'extermination (Auschwitz-Birkenau, Gross-Rosen...).

La résistance féminine allemande représente une infime minorité, comme en témoignent les quelques chiffres dont on dispose. La part prise des femmes aux différents mouvements de résistance représenterait moins de 1% du nombre global de résistants. Ce chiffre est compréhensible dans la mesure où la répression de leurs actions était très violente, encore plus dramatique que dans les pays occupés. Ainsi, beaucoup de femmes arrêtées ont été exécutées lors de procès arbitraires ou la sentence était généralement décidée à l'avance.

A la différence des autres mouvements de résistance européens, la Résistance Allemande n'a pu compter sur aucun appui extérieur (comme la France a pu compter sur l'aide des États-Unis par exemple).

 

Toutes ces raisons peuvent être des motifs de découragement et la sévérité de la répression dissuade un certain nombre d'actions, ce qui justifie en partie le caractère très minoritaire de la résistance allemande.

 

Les formes d'engagement se traduisaient souvent par la poursuite de l'activité d'un parti politique autre que celle imposée par Hitler même après son interdiction, clandestinement. Il s'agissait aussi de faire passer une information, un renseignement à l'ennemi, diffuser des messages de propagande... Elles se traduisaient également par ce qu'on appelle la « Résistance civile », comme loger, nourrir, vêtir, soigner, cacher une personne. Cela concerne en effet les activités habituelles de la femme sous le régime nazi détournées pour venir en aide aux persécutés (amis politiques, Juifs, homosexuels...)

 

La propagande allemande dirigée par Goebbels en Allemagne. Il a permis à Hitler d'être perçu comme le Â« sauveur du pays Â» et ce jusqu'à quelques semaines avant la fin de la guerre. Les idées nazies ont été majoritairement relayées jusqu'à l'effondrement brutal du régime, seulement à quelques semaines de la fin de la guerre.  

42 - Joseph Goebbels (1897-1945)

Entrer en résistance Ã©tait considéré comme Å“uvrer contre son pays et le trahir, étant donné que les résistants Allemands étaient peu nombreux. 

D'ailleurs, la différence entre trahison et rébellion est clairement exprimée par Heinrich Mann

« La résistance allemande fut plus difficile que toute autre. Dans les pays occupés, le but était la libération de l'ennemi venant de l'extérieur. Personne n'occupait l'Allemagne, pas d'étranger, seulement une force intérieure. Celui qui y résistait ou la refusait seulement n'avait pas le soutien du peuple. Â» 

 

Heinrich Mann, extrait de Les Résistances

miroirs des régimes d'oppression, 2003

2. Les noms qui ont marqués la résistance féminine allemande.

Partie 2

Malgré le caractère ultra minoritaire de la résistance féminine allemande, quelques noms sont devenus célèbres. 

 

 

  • Sophie Magdalena Scholl (1921-1943) : l'étudiante résistante

43 - Sophie Scholl, printemps 1943

Sophie Magdalena Scholl Ã©tait une résistante allemande de la Seconde Guerre Mondiale, et l'un des piliers de La Rose Blanche (« Die Dr.Brian Weisse Rose) 

Sophie naît le 9 mai 1921 à Forchtenberg, elle est quatrième de six enfants. Elle est élevée dans une famille protestante. A l'âge de 12 ans, comme la plupart des filles de son âge, Sophie rejoint la Ligue des Jeunes Filles Allemandes, branche féminine des Jeunesses Hitlériennes. Elle devient rapidement critique des valeurs et opinions qui y sont véhiculées. 

 

En 1942, elle s'inscrit comme étudiante en biologie et philosophie à l'université de Munich. La même année, elle rejoint son frère Hans et Carl Muth dans leur activité de résistance, et créent avec d'autres membres dont le professeur de philosophie Kurt Huber, le groupe résistant nommé Â« La Rose Blanche Â».Ce nom aurait été inventé par Hans, qui se serait inspiré de Clemens Brentano et de son Å“uvre intitulée « Les romances du Rosaire ».

 

Ils mettent en place et effectuent ensemble plusieurs actions entre juin 1942 et février 1943 : 

 

  • Ils rédigent des tracts antinazis faisant référence à  des ouvrages ou personnes très importantes tel qu'Aristote ou la Bible. Certains sont envoyés par la poste, les destinataires Ã©taient choisis à l'avance pour les reproduire et les diffuser, d'autres sont distribués par centaines à la sortie des cours de l'université. 

  • Ces étudiants écrivent sur les murs des slogans pacifistes et antifascistes 

  • Ils collectent également du pain pour des détenus de camp de concentration et s'occupent de leurs familles. 

 

Elle est dénoncée avec plusieurs membres de La Rose Blanche, ils sont arrêtés le 18 février 1943.  

L'interrogatoire dure près de trois jours, avant que Sophie n'avoue avoir fait partie de La Rose Blanche. Le procès éclair (environ trois heures) les condamnent à mort et sont exécutés le jour même. 

 

Le courage et de cette jeune fille et celui de ses camarades reste dans toutes les mémoires, il y a d'ailleurs un film sorti en 2005 relatant son histoire: « Sophie Scholl : Les derniers jours Â». Il reconstitue comment s'est formé le groupe, les actes de lutte ouverte contre le régime, l'interrogatoire et le procès.

 

  • Libertas Schulze-Boysen (1913-1942) et Mildred Harnack (19021943) : membre de l'orchestre rouge

 

Libertas Schulze-Boysen Ã©tait une journaliste allemande et héroïne de la résistance allemande au nazisme. 

48 - Libertas Schulze-Boysen et son mari  en 1935

Elle est née à Liebenberg et passe son enfance près de Berlin. Elle est engagée comme employée de presse au Metro Goldwyn Mayer. Elle se marie avec Harro Schulze-Boysen en 1936. 

Elle quitte en 1937 le NSDAP (parti national socialiste allemand) dont elle faisait partie depuis 1933. 

Grâce à son travail au Ministère du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande, et comme couverture critique de films, elle peut accéder à beaucoup d'informations sur les crimes de guerre nazis. 

Elle et son mari font partie d'un groupe, surnommé plus tard « L'Orchestre rouge Â» (Rote Kapelle), font passer de nombreuses informations aux Soviétiques par transmission radio. 

Ils sont arrêtés ainsi qu'une centaine de personnes. Ils sont condamnés à mort le 19 décembre 1942 et exécutés le 22 décembre à la prison de Plötzensee, trois jours plus tard. 

Aujourd'hui, une rue porte leur nom pour leur rendre hommage. 

49 - Plaque de la rue portant le nom des Schulze-Boysen 

 

  • Mildred Harnack

 

Elle est née Américaine. Elle étudie la littérature allemande dans une université aux États-Unis avant que le couple ne décide de s'installer à Berlin.  

Le cercle de réflexion sur l'après national-socialisme auquel ils font partie devient le groupe de résistance L'Orchestre Rouge. 

Ils sont arrêtés une première fois le 7 septembre 1942, Mildred reste six ans en prison. Un autre procès a lieu en 1943, elle est condamnée à mort. 

50 - Mildred Harnack en 1943

 

  • Liselotte Herrmann (1909-1938) : la communiste

 

Liselotte Hermann était une militante communiste allemande, et résistante au IIIe Reich. Dans sa jeunesse, Liselotte rejoint la Jeunesse communiste et étudie le biologie à Berlin. Elle est renvoyée de l'université en 1933 à cause de son appartenance au KPD (Parti communiste d'Allemagne). 

Elle participe aux activités clandestines communistes. 

Elle est arrêtée en 1935 : la Gestapo a trouvé chez elle des plans d'une entreprise d'armement, destinés à être transmis à l'étranger. Elle reste un an et demi en prison et est finalement condamnée à mort le 12 juin 1937. 

51 - Timbre de la République démocratique allemande en 1961 représentant Liselotte Herrmann

 

  • Freya Von Moltke (1911-2010) : participante à un attentat contre Hitler

 

Elle était l'épouse de Helmuth Jame Von Moltke, et créa avec lui le cercle de Kreisau, le groupe qui a organisé l'attentat contre Hitler. 

Le gouvernement nazi condamne à mort son mari pour haute trahison. Freya est connue pour avoir conservé toutes les lettres où son mari détaille toutes leurs activités de résistance pendant la guerre. 

52 - Freya Von Mokte en 1948

Pour conclure, les différents portraits de ces femmes issues d'horizons différents montre que la résistance était présente partout dans le régime autoritaire allemand. Résistantes de leurs propres initiatives ou pour soutenir leur mari, elles sont nombreuses a avoir payé de leur vie leurs convictions et leurs actions antinazies.

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